texte facultatif II : brouillon
- Alex Turner
- 2 mai
- 6 min de lecture
texte écrit en Novembre 2024, inachevé (?)
moment. c’est là où je suis maintenant, dans ce moment libre de toute définition. et je fais quelque chose, et je pense, et je vois. je marche dans la
rue. il fait sombre. il fait froid. il y a du brouillard et de l’humidité. tous les jours je fais ce même chemin. tous les jours je passe par les mêmes voitures, les mêmes bâtiments, les mêmes arbres et les mêmes personnes. c’est toujours égal, c’est toujours similaire. je marche seul. je lève ma tête vers le ciel. je ne vois pas grande chose à part d’un ciel nuageux et qui s'illumine encore par l’aide des lampes. le brouillard m'empêche de voir au-delà de son gris. je me demande ce que les autres personnes font. elles marchent avec les mains dans les poches; elles se protègent de la température qui gèle. mes doigts sont froids. mes doigts sont si froids que mon esprit. je ne pense pas trop. je marche et je continue mon trajet d’une manière si automatique que tout paraît une simulation, un rêve. ce trajet sera oublié comme tous mes autres jours le furent. et je ne m'arrête pas, je marche vite. j’avance sans voir. je traverse des rues, je traverse le brouillard. je me regarde par les vitrines de certaines boutiques. parfois je me sens beau. maintenant je me sens moche. je n’aime pas ce que je vois. je sais qu’il y a des gens qui me trouvent beau. ce n’est pas mon cas. je ne suis pas de mon goût. je continue à mettre un pied devant l’autre dans un rythme uniforme. je continue à faire les mêmes mouvements, les mêmes gestes et le même visage de tous les jours. je vois les feuilles des arbres par terre pendant que je marche. tout tombe pendant l’automne. les feuilles sont si belles dans ces couleurs jaunâtres, dans leur composition sur le trottoir. les feuilles sont belles quand mortes. j’arrive à
l’établissement. il est grand. il s’impose. l’architecture typique d’un établissement académique européen au début du XXe siècle. je vois quelqu’un que je connais. je lui dis bonjour et j’entre dans le lycée. je pense à cette personne. je pense à plusieurs choses. tous les jours sont égaux. je passe par les mêmes personnes qui font toujours les mêmes choses. c’est une industrie ou il n’y a que des automates. c’est tout ce que je vois. et je sais qu’ils cachent quelque chose. mais personne ne sort de son état. personne se manifeste au-delà de ce qu’elle transmet au monde. et ce garçon que je vois tous les jours est comme ça, ou au moins c’est comme ça que je l’aperçois. il ne se manifeste que par des points et des virgules. il continue dans cet état d'ambiguïté et d'indéfinition. sa définition est le manque de celle-ci. sa constitution est le manque de compréhension. mais tout le monde est comme ça. tout le monde se constitue par un manque de compréhension. car personne ne se montre. personne ne montre son esprit et personne ne se laisse voir. et ils ne me voient pas. car entre un souris et un ça va il n’y a rien, il n’y a aucune substance. mais je continue à marcher. je continue à jouer mon rôle d’automate. je me dirige à la cantine pour prendre mon petit-déjeuner. et je voudrais manger avec ce garçon, car il me plaît, mais manger avec lui c’est équivalent à lui déranger; parce que si je me derange moi-même, donc je dérange à tous les autres. la cantine, pendant le matin, est presque toujours équivalente à ce qu’elle était hier. les mêmes personnes, dans les mêmes tables. les mêmes groupes, les mêmes conversations. c’est tout égal. et je m’assois avec une fille qui me demande toujours comment ça va. et tous les jours je lui donne la même réponse. et je suis dans l’ennui, car je veux quelque chose de nouveau. je veux une émotion intense à part l'angoisse que je peux éprouver. mais je discute sur quelques vanités avec cette fille. on parle du froid, de la pluie, des cours, des épreuves. c’est tout. et je ne culpabilise pas, parce que c’est compréhensible. nos esprits sont pauvres et ils n’ont rien à dire. mais voilà que je reste là. et je vois d’autres filles qui arrivent et qui s’assoient à nos côtés. et on dit les mêmes choses qu’on disait il y a une semaine. et tout est là à se répéter, comme si le monde n'était qu’une simulation où tout est déjà prédéfini. et je vois ce garçon de l’entrée qui s’installe dans une autre table avec ses collègues, ou ses amis. je ne sais pas quel est son rapport aux autres. je ne sais pas quelle est sa considération par rapport à autrui et je ne sais pas s’il épreuve de l'altérité par rapport aux gens. mais il me semble fatigué. il me semble même un peu triste. et toutes ces personnes que je vois pendant le matin me semblent tristes. peut-être que c’est la fatigue. on veut tous dormir. on veut tous rester reposés sur nos lits et rêver à un autre monde. mais la réalité est là. et je procède à tout faire pareil. et en ce moment je veux juste essayer de comprendre ces gens. et je veux savoir leurs pensées, je veux les intégrer dans mon esprit et arriver à savoir la manière dont tout le monde pense. et je dois sortir de la cantine, car j’ai cours et j’ai encore besoin de me brosser les dents. je me lève, et avec un à tout à l’heure dirigé vers ces filles, je sors. je passe par les employés de l’établissement. ils donnent tous une sensation de fatigue, et ils doivent être fatigués. car leur travail est sans intérêt. ils aussi font toujours les mêmes choses, les mêmes mouvements, les mêmes gestes et les mêmes journées. et je me demande s’ils sont heureux. j'espère qu’au moins de la joie soit dans leurs esprits; sinon ils sont déjà
morts. et ce mot arrive à ma tête, et je pense à la mort souvent, tous les jours. je pense à juste fermer mes yeux et laisser d’exister, je pense à juste devenir de la poudre, à me dissoudre dans le ciel, à me fondre à la pluie, à disparaître en un souffle, à devenir un fantôme, à me mettre devant une voiture, à me jeter par des escaliers, à me défenestrer, à prendre tous mes antidépresseurs d’une seule fois et mourir par overdose, à me couper et saigner jusqu’à ne plus respirer, à me jeter dans la rivière, à me mettre dans une forêt et laisser le froid me consommer. mais je laisse ces pensées disparaître, car je ne veux pas sentir la douleur. je veux juste ne plus sentir ces sentiments. je veux juste que mon esprit laisse de fonctionner, car je ne peux pas arrêter de penser à moi-même, au fait que je n’aime pas, au fait que je me sens moche, au fait que je suis toujours triste, au fait que tout est étranger par rapport à ma personne, au fait que je n’aime rien, au fait que je suis stupide, au fait que je n’apprends rien, au fait que je ne suis plus intelligent comme j’étais auparavant, au fait que j’ai l’impresssion que je ne plaît à personne, au fait que je suis en retard par rapport à tout, au fait que le temps n’arrête pas de se mouvoir et qu’il m’abandonne dans un present qui n’est plus là, au fait que je n’arrive à rien faire. et pendant que je me brosse les dents devant le miroir des toilettes, je me regarde et je pense à comment les personnes vont me voir aujourd’hui, ou même si elles vont me voir. voir ma forme est simple, voir mon fond est impossible. et c’est ça que je déteste le plus, que le fond de chaque personne est caché et que personne ne peut se voir. personne ne peut se comprendre. personne ne peut dépasser les apparences. et mon apparence est celle de quelqu’un fatigué, car c’est ça que les autres me disent. et je suis fatigué. je suis fatigué de moi-même. je suis fatigué d’autrui. je suis fatigué de cet autrui qui habite dans moi et de ce moi qui habite chez autrui. j'aimerais juste vivre dans un autre
Comments